La 2ème édition des journées "portes ouvertes" dans les jardins des maisons de retraite, EHPA et EHPAD se déroulera

les samedi 21 et dimanche 22 septembre 2013, dans le cadre de la Fête des Jardins.

Publié le 03 septembre 2013

L'opération « Un jardin pour ma mémoire ® »

« Un jardin pour ma mémoire ® » est une action nationale de sensibilisation à la création de jardins à visée thérapeutique dans les établissements (1) qui n’en ont pas encore.

Le week-end des 21 et 22 septembre prochains s'entend à la fois comme une occasion de :

  • Découverte de jardins, là où on ne pense pas les trouver
  • Fête pour les seniors qui vont se mobiliser pour accueillir beaucoup de visiteurs
  • Générosité pour tous ceux qui veulent aider à financer la création de jardins dans les établissements qui en sont dépourvus


Pendant la Fête des Jardins, l’association « Jardins et Santé » avec ses partenaires AgeVillage.com, FHF, FEHAP, SYNERPA, Fondation des Parcs et Jardins de France, Fondation Lemarchand, Fondation Georges Truffaut, UNCCAS, lance dans toute la France une journée de découvertes jardinières et de solidarité au profit de la création de jardins dans les structures médico-sociales accueillant des personnes âgées dépendantes ou non.

Les maisons de retraite ouvriront exceptionnellement au grand public les portes de leur jardin avec les résidents et les équipes soignantes.

Selon Madame Michèle Delaunay, Ministre déléguée chargée des Personnes âgées et de l’Autonomie, qui a donné le coup d’envoi de l’opération le 7 juin 2013 à Marseille, le jardin a deux rôles majeurs :

  • la prévention et
  • le maintien des fonctions physiques et cognitives.


L'objectif étant de

  • Humaniser l'environnement des aînés dans les établissements hospitaliers et les maisons de retraite grâce aux jardins.
  • Encourager et stimuler la pratique du jardinage comme thérapie d’accompagnement.


Depuis 20 ans déjà, certains pays européens – Italie, Belgique, Grande-Bretagne, Suisse – mais aussi le Canada, les États-Unis ou le Japon se servent des jardins comme soutien thérapeutique.
La France commence seulement à s’ouvrir à cette pratique, qui est désormais partie intégrante du dernier plan Alzheimer.
L’intérêt grandit chez beaucoup de professionnels.
En 2008 et 2010, lors des deux premiers symposiums internationaux sur les jardins à but thérapeutique, placés sous le patronage du Ministère de la Santé et organisés par  « Jardins et Santé », des médecins, des soignants, des architectes/paysagistes ayant déjà une expérience en établissement hospitalier et médicosocial, ont fait le point sur l’emploi de cette thérapie non médicamenteuse et travaillé sur les modalités de création.
Les avancées restent lentes, freinées par des problématiques financières et organisationnelles, par une vision trop sanitaire de l’accompagnement et pas assez tournée vers la vie.

L’idée d’un jardin pour ma mémoire® est née, au-delà du désir d’améliorer la vie des aînés lorsqu’ils sont obligés de quitter leur domicile pour aller dans un établissement d’hébergement, de l’envie d'inciter à surmonter l’indifférence et la peur de la vieillesse.
D'où l'idée d'ouvrir à la visite les maisons de retraite avec un jardin, faire se rencontrer toutes les générations autour des réalisations florales, végétales.
Valoriser l’accompagnement des soignants et l’investissement des résidents, c’est instaurer une solidarité entre tous et une reconnaissance du travail des uns et du besoin d’attention des autres.


(1) Etablissements d'Hébergement pour Personnes Âgées (EHPA) et Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD)


Présentation de l'Association « Jardins et Santé »

L'Association « Jardins et Santé », un but médico-social, des objectifs croisés

L'Association « Jardins et Santé » met son énergie et ses compétences au service du mieux-être des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, des enfants souffrant d'autisme ou de troubles envahissants du développement, de migraines, d'épilepsie, de ses proches atteints par des dépressions profondes.

Les bénévoles de Jardins et Santé, jardiniers, médecins, architectes, paysagistes, biologistes, pour la plupart retraités, sont bien décidés à utiliser leur temps libre à changer les perspectives et conditions de vie de leurs proches, relations, connaissances handicapés par des maladies neurologiques invalidantes.

Depuis 8 ans, « Jardins et Santé », après avoir fait le point de la situation en France, promeut l'utilisation du jardin comme accompagnement thérapeutique et apporte son soutien financier par :

  • des bourses d'aide à la création de jardins à visée thérapeutique
  • des bourses de recherche clinique


Les fonds de « Jardins et Santé » proviennent de la générosité :

  • des propriétaires qui ouvrent leur jardin à la visite
  • de donateurs
  • des recettes des manifestations et évènements organisés au profit de l'association


Pour faire progresser le développement du jardin comme thérapie non médicamenteuse, « Jardins et Santé » organise depuis 2008 en collaboration avec l'ENSP (2), un symposium international bisannuel.
Créer un jardin à visée thérapeutique est un pari difficile.
Les professionnels de la santé et du paysage ont besoin de se rencontrer pour échanger, tirer les leçons de leurs expériences respectives.
C'est le but de ces symposiums.
Le 4ème symposium, en cours de préparation, se tiendra les 18 et 19 novembre 2014 à l'hôpital Sainte-Anne et au FIAP-Jean Monnet à Paris.

Les instances de « Jardins et Santé » sont composées à part égale de professionnels de la santé et du jardin / paysage :

  • un Conseil d'administration qui initie les actions ;
  • un Comité scientifique des Symposiums ;
  • une Commission de sélection et de suivi des projets de jardins à but thérapeutique ;
  • un Conseil scientifique qui décide des sujets de bourses cliniques et en contrôle la réalisation.



(2) École Nationale Supérieure de Paysage de Versailles.



Zoom sur les maisons de retraite, EHPA et EHPAD,
par l'Association « Jardins et Santé »

Combien d'établissements pour accueillir les personnes âgées en France ?

Il existe en France environ 10 000 établissements d'accueil, en comptabilisant tous les types de structures - maisons de retraite médicalisées / EHPAD, Logements-foyer ou Résidences avec Services et Petites Unités de Vie.

Les français ont encore une mauvaise image des maisons de retraite, alors que le prendre soin est en progrès constant.
Aussi gagneront-elles à s'ouvrir lors de ces journées « Un Jardin pour ma mémoire ».

Les disparités régionales sont grandes et varient suivant les densités de population.

Les jardins à but thérapeutique existent-ils ?

Bien que des espaces verts existent dans la majorité d'entre eux, à ce jour, aucun inventaire des établissements ayant un jardin à but thérapeutique actif, n'a été réalisé.
Le Conseil National des Parcs et Jardins du Ministère de la Culture envisage de recenser des jardins historiques hospitaliers, ce qui permettrait de faire des recherches croisées pour identifier parmi eux des jardins à but thérapeutique.

L'association « Jardins et Santé », en partenariat avec l'École Nationale de Paysage de Versailles, commence à travailler sérieusement sur le sujet notamment en lançant des appels à projets « Jardins à but thérapeutique » et en organisant des symposiums.
« Jardins et Santé » est très souvent interrogée par des professionnels qui ont besoin de savoir s'il existe un jardin à visée thérapeutique près de chez eux et aimerait pouvoir leur répondre plus efficacement.

Difficile également de connaître les établissements avec un jardin.
Par exemple, beaucoup d'établissements privés indiquent la présence d'un « parc/jardin » dans leur rubrique « confort » au même titre que le parking.
Les réponses souvent peu précises ne permettent pas toujours de distinguer s'il s'agit d'un espace vert à visée « décorative » ou d'un jardin accessible et intégré dans une démarche thérapeutique.

Les préconisations du plan Alzheimer ne sont pas encore appliquées : le jardin n'est pas référencé dans la rubrique « thérapies non médicamenteuses ».

Les perspectives

Si les résultats préliminaires sont encourageants, les effets du jardin et du jardinage sur les patients n'ont pas encore été scientifiquement mesurés.
D'où, sans doute, un certain scepticisme d'une partie du corps médical et des responsables d'établissements.
À ceux qui avancent l'argument du coût lié à l'entretien d'un jardin, « Jardins et Santé » répond par la diminution d'un certain nombre de médications liées à l'anxiété, l'irritabilité ou la dépression et à une amélioration du confort de vie des personnes âgées prises en charge.

C'est sans doute ce que démontrera, dans quelques années, l'hôpital Saint-Julien au CHU de Nancy, à la pointe de la recherche qui voit la mise en place de protocoles d'évaluation et organise régulièrement des journées de formation à cette thérapie.
La graine est semée.
Le mouvement est lancé.
Les jardins à visée thérapeutique fleuriront.





Les jardins à visée thérapeutique

Histoire et perspectives des jardins à visée thérapeutique
par Anne Chahine, présidente de Jardins et Santé


Historiquement, les hôpitaux psychiatriques, que l'on appelait jadis les asiles, mais aussi les établissements hospitaliers dans l'ensemble, étaient pourvus de grands et beaux jardins.
Les progrès scientifiques ont amené à considérer le patient d'une autre façon, induisant une nouvelle conception de l'architecture de l'hôpital.
L'évolution démographique aidant, il a fallu répondre à la nécessité de réduire les risques d'infection, d'abriter dans des bâtiments adéquats le matériel d'investigation offert par les technologies de pointe, de faire de la place pour les voitures et, peu à peu, sans contrepartie, le tout fonctionnel et le béton-bitume ont balayé le végétal.

Dans les années 1980, des études menées aux États-Unis par Cooper-Marcus et Barnes, puis en 1990 par Ulrich et Parsons, mais aussi au Japon par Nakamura et Fuji (1990-1992) ont mis en évidence que l'introduction d'un élément végétal, environnement jardinier ou simple présence de photos de paysages, avait une influence appréciable sur l'évolution et à tout le moins la satisfaction des patients.
Les patients ont clairement désigné l'arbre, la plante, le chant des oiseaux, le murmure d'un ruisseau comme autant d'éléments qui apaisaient leur anxiété.
Le bénéfice, en terme de gestion d'une part, et en terme médical d'autre part, est apparu évident aux directeurs hospitaliers, puisqu'il permettait de réduire la durée d'hospitalisation, et contribuait ainsi à l'amélioration de la satisfaction du patient et de sa famille ainsi qu'à celle du personnel.
Le jardin a donc été progressivement assimilé à une thérapie d'accompagnement auprès de personnes présentant un handicap cérébral ou moteur.

En France, le dernier plan Alzheimer (2008/2012) a eu le mérite d'introduire, enfin, le jardin comme une obligation dans les unités cognitivo-comportementales et les unités de soins renforcées.

Pour créer un jardin à but thérapeutique, le travail d'équipe est une absolue nécessité, qui se prépare très en amont en collaboration avec aussi bien les soignants que ses futurs usagers, les familles et les professionnels du jardin et du paysage.
La réussite est à ce prix et le mécanisme est assez lourd.
Mais il vaut la peine d'être mis en place, car il est l'unique gage de la pérennité d'un projet si séduisant soit-il.
Il faut noter que de nombreuses « initiatives jardinières » privées, institutionnelles ou associatives, apparaissent dans un contexte pourtant maussade où les gestionnaires ressassent à l'envi la nécessité de faire des économies.
On ne mettra jamais assez l'accent sur deux axiomes de la réussite à long terme : la pérennité du jardin dans un contexte économique difficile et le rôle des soignants, notamment ergothérapeutes, psychomotriciens, psychologues qui travaillent quotidiennement au maintien du corps et de l'esprit.

Ces amateurs ou professionnels du jardin, en tout cas amoureux du jardin et convaincus du rôle considérable qu'il peut jouer dans le mieux-être des personnes en établissement, font assaut d'imagination, d'enthousiasme et de dévouement pour mettre le végétal à leur portée.
Il faut noter encore, et c'est particulièrement encourageant, que les jeunes générations qui arrivent aux postes de direction sont aujourd'hui beaucoup plus attentives à l'environnement de leurs résidents, avec une réelle volonté de réconcilier le corps et l'esprit, et de ne plus miser que sur la seule pharmacopée.




Jardins à visée thérapeutique et maladie d'Alzheimer

Les jardins pour apaiser les malades d'Alzheimer
par le Dr. Thérèse Jonveaux, praticien hospitalier, neurologue, docteur en psychologie, Chef de Service du Centre médical Paul Spillmann au CHU de Nancy

L'effet bénéfique de la présence de jardins en milieu hospitalier, sur des populations très diverses, a été rapporté dans différents travaux.
Consultants ou accompagnants, surtout ceux atteints de maladies chroniques, qui fréquentent régulièrement les hôpitaux, décrivent un effet apaisant des jardins et espaces verts hospitaliers ; il en va de même pour les soignants avec un bénéfice sur anxiété, stress et humeur dépressive.
Au cours de la maladie d'Alzheimer, des objectifs à visée thérapeutique spécifique peuvent être développés à travers un jardin qui représente une aide, un support au processus de soin inscrit dans la pluridisciplinarité.

Affection redoutée - les représentations sociales de la maladie d'Alzheimer restent très négatives - elle « cristallise toutes les peurs liées au vieillissement» (Gallez, rapport de l'OPEPS 2005).
L'entourage joue un rôle essentiel auprès des malades, apportant aide et soutien pour faire face à la vie quotidienne.
À l'heure actuelle, si des thérapeutiques médicamenteuses existent, nous ne disposons pas de traitement curatif.
Face aux multiples facettes de la maladie, des soins diversifiés et des approches non médicamenteuses sont nécessaires pour prendre en compte les dimensions neurologiques, sociales, familiales, de cette affection qui concerne plus de 800 000 personnes en France à ce jour.
Or à l'heure actuelle, la situation en France est celle d'une méconnaissance et d'une sous utilisation du potentiel des jardins à visée thérapeutique alors que les établissements possèdent majoritairement des espaces verts aménageables.
Le Plan Alzheimer 2008-2012 qui crée de nouvelles structures de soins spécialisées, met l'accent dans leur cahier des charges, sur la nécessité d'adapter l'environnement architectural et d'y intégrer un jardin thérapeutique.
En effet, les bénéfices d'un jardin thérapeutique dans un établissement sont multiples.

Le jardin permet de maintenir une activité physique.
Promenade, jardinage peuvent s'y pratiquer malgré des handicaps ou incapacités grâce par exemple à des jardinières surélevées, des outils adaptés...
Accompagné par les soignants, le jardinage présente l'avantage d'une participation modulée de chacun, à son rythme, d'un sujet de conversation familier ancré dans les repères temporels : rythme des saisons, source de réminiscences personnelles et d'échanges.
Le jardin apporte un environnement sensoriellement riche, diversifié, évolutif, par là même, attractif et stimulant.
Pour peu que des mesures de sécurité appropriées, souvent simples, soient mises en oeuvre en particulier pour clore le jardin, le patient peut s'y rendre à sa guise, ce qui lui donne l'opportunité de faire des choix : y aller seul, retrouver d'autres résidents, convier son entourage...
Le jardin est un apport indéniable face aux troubles psycho-comportementaux présents chez plus d'un patient sur deux au fil de l'évolution.
Errance, déambulation, mais aussi agitation, agressivité sont améliorés chez les patients qui peuvent y accéder en permanence.
Le jardin, contribue aussi à favoriser les visites de l'entourage ; il se révèle propice à la mise en place d'activités inter ou transgénérationnelles.
Le jardin apparaît adapté à la pratique de différentes thérapies non médicamenteuses : les ateliers individuels ou en petits groupes sont assurés par les différents professionnels de l'équipe.
Chacun selon ses compétences et sa spécialisation, psychologue, neuropsychologue, orthophoniste, ergothérapeute, psychomotricien, y développe l'axe de la mémoire, de la communication, des praxies pour des prises en soins bénéfiques aux patients.