Interview de Monsieur Jacques PLEURMEAU, Président - HOM’AGE

A la découverte du groupe de maisons de retraite HOM'AGE

Publié le 14 juin 2010

Jacques PLEURMEAU, Président du groupe de Maisons de Retraite HOM'AGE, en compagnie du docteur Odile LETORTU, répond aux questions de la rédaction de capgeris.com


Capgeris

Vous avez fait SciencesPo. Comment en êtes-vous arrivé au secteur du médico-social ?

Jacques PLEURMEAU

Sciences Po ne façonne pas exclusivement des profils réservés à des secteurs professionnels précis. J’ai fais Sciences Po PARIS dans le cadre d’un troisième cycle portant sur des problématiques de management et de changement en entreprise. Après Sciences Po, j'ai été amené à devenir consultant senior en cabinet d’audit sur PARIS et la Province autour de thématique touchant à l’organisation et le management d’entreprise, tous secteurs confondus. C’est par ce biais que j’ai découvert le monde médico-Social où j’ai été directeur d’établissement pour devenir aujourd’hui Président de la société HOM’AGE.

Capgeris

Pouvez-vous nous brosser en quelques traits un portrait du groupe HOM’AGE ?

Jacques PLEURMEAU

HOM’AGE gère 5 sociétés juridiquement distinctes.
4 d’entre elles sont des maisons de retraite représentant aujourd’hui 250 lits et, dans les 24 mois, 400 lits lorsque les projets de construction en cours seront achevés. La 5ème société qu’abrite HOM’AGE est H’CARE DEVELOPPEMENT, cabinet d’audit, d’ingénierie de formation et de recrutement appliqué au secteur sanitaire et médico-social.
HOM’AGE représente 8 Millions de chiffre d’affaires et 200 salariés. En 2012, HOM’AGE aura doublé son chiffre d’affaires et ses effectifs. HOM’AGE est aussi une équipe pluridisciplinaire experte dans chacun de ses domaines et bénéficie aujourd’hui du soutien de l’université de CAEN Basse-Normandie, dans le cadre d’enseignement et de participation à différents travaux, le soutien de l’INSERM autour d’un travail de recherche en lien avec le Professeur EUSTACHE, Directeur de l’INSERM U923 EPHE, et Monsieur PLATEL, professeur de Neuropsychologie, directeur du Master Recherche en neuropsychologie à l’université de Caen.

Capgeris

En quoi les établissements HOM’AGE se distinguent-ils des autres ?

Jacques PLEURMEAU

HOM’AGE, c’est à la fois la création de nouveaux établissements, le rachat de structures existantes. Avec le temps, notre expérience et notre expertise, nous donnent la possibilité de promouvoir une charte en 6 engagements :

1 – Apporter à la personne accueillie une prestation personnalisée dans un cadre de vie dont l’architecture vise à créer un environnement ergonomique et adapté aux problématiques de la dépendance.

2 – HOM’AGE c’est une organisation qui, au continu, s’engage progressivement dans l’objectif d’obtenir les agréments d’Etat, la certification AFAQ (Association Française d’Assurance Qualité) dans sa norme ISO 9001 version 2008.

3 – HOM’AGE c’est une prestation qui s’inscrit dans un contrat équitable, compréhensible avec une politique tarifaire se situant dans une fourchette de 1 800 Euros à 2 200 Euros (le reste à charge) qui correspond à des tarifs modérés compte tenu de notre parc d’établissement extrêmement récent ( de moins de 10 ans d’ancienneté).

4 – HOM’AGE c’est une équipe professionnelle pluridisciplinaire constituée pour chacun des établissements 5 à 10 métiers différents dans lequel la formation qualifiante et continue constitue notre priorité de groupe. Les équipes sont soutenues et accompagnées par un management à l’écoute et formé à l'accompagnement. Des groupes de paroles donnent l’occasion aux soignants de trouver des réponses à des problématiques au quotidien.

5 – La famille est pour nous l’axe partenarial le plus important. Par notre connaissance de l’histoire de vie de la personne et l’expression de ses besoins, nous proposons un projet de vie transparent et donnant lieu à des évaluations régulières avec la famille.

6 – Notre environnement partenarial est extrêmement diversifié : l’université, l’INSERM, les écoles pour les professionnels de la santé, les autorités administratives et autres professionnels de secteur. L’existence de cet environnement permet d’être regardé par l’extérieur, critiqué, ce qui nous permet des ajustements continus qui visent une amélioration régulière de nos prestations.

Capgeris

Vous semblez être spécialisés dans l’accueil des personnes atteintes de la maladie Alzheimer ou souffrant de troubles apparentés.
Vos établissements sont-ils exclusivement dédiés à l’accueil des personnes désorientées ou bien sont-ils tous dotés d’unités spécifiques ?

Jacques PLEURMEAU

Les 2/3 du premier établissement créé- Les Pervenches- sont réservés aux personnes souffrant de maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés. La philosophie du soin insufflée par le Dr Odile Letortu, médecin coordonnateur, est centrée sur la création de relations soignants-soignés au travers de actes quotidiens : toilette, repas, ateliers de mobilisation cognitive…
Elle est également centrée sur la valorisation des compétences de la personne et du respect de leur personnalité propre.

Capgeris

Dans votre démarche d’accompagnement des personnes âgées désorientées, vous vous appuyez sur la technique Snoezelen dont on entend de plus en plus parler dans le secteur médico-social à vocation gérontologique. Pouvez-nous nous en parler ?
Quels sont les plus apportés par cette technique ?

Jacques PLEURMEAU

Nous parlons d’une approche Snœzelen et non d’une technique ou d’une méthode Snœzelen.
Cette approche a été développée en France au début des années 90 dans le secteur de l’enfance handicapée puis étendue au secteur des adultes handicapés. Nous sommes pour notre part parmi les premiers à l’avoir appliquée aux personnes âgées dépendantes et/ou souffrant de troubles cognitifs ainsi qu’aux personnes en fin de vie. Le but est de créer entre le soignant et le soigné, une relation basée sur le partage de « sensations » douces et d’expériences sensorielles. Cet échange apaisant et sécurisant se fait dans un lieu spécifiquement aménagé et disposant d’objets, source de stimulations sensorielles (matelas à eau, lumière tamisée, colonne à bulles, musiques relaxantes et diffuseur d’odeur…). Cette approche est riche mais ne peut être que complémentaire des ateliers de mobilisation cognitive qui sont au centre de notre accompagnement.

Capgeris

En collaboration avec des organismes de recherche, vous participez à des travaux visant à "mobiliser les capacités cognitives résiduelles de la personne malade autour de la mémorisation de chants nouveaux, faisant émerger le sentiment de familiarité".
Concrètement, comment cela se traduit-il au sein de vos établissements, tant pour les résidents que pour le personnel ?

Jacques PLEURMEAU

Les ateliers d’apprentissage de chants nouveaux font partie de l’ensemble des activités et animations offertes quotidiennement aux résidents. La spécificité de l’activité chant nouveau réside pour partie dans le fait qu’elle met en évidence de façon « exemplaire et non contestable » des capacités d’apprentissage (en mémoire sémantique ou en mémoire implicite ?).
Ceci contribue à forger une autre vision de la maladie et des malades. Cette activité fait l’objet d’une recherche clinique en lien avec le professeur Platel et l’unité INSERM/EPHE. Caroline Mauger, psychologue à mi-temps, rémunérée par l’ INSERM, coordonne cette recherche aux Pervenches. Grâce à l’arrivée, prochainement, de Mathilde Groussard, post-doctorante à l’université de Caen, cette recherche clinique pourra peut-être aboutir à une étude en neuroimagerie afin de mieux préciser les régions cérébrales concernées. Ce sont des soignants qui animent ces ateliers d’apprentissage entourés par le médecin coordonnateur et les 2 neuropsychologues de l’établissement. D’autres recherches concernant des stimuli visuels et verbaux sont entrepris par des étudiants de Master et visent à mieux cerner le sentiment de familiarité mis en évidence lors de l’exposition répétée à de nouveaux stimuli. Ces travaux sont valorisants et stimulants pour toute l’équipe qui se mobilise dans la réalisation de nouveaux projets tels que l’apprentissage de nouvelles chorégraphies

Capgeris

Le groupe HOM’AGE intervient également au domicile des personnes âgées. Sous quelles formes ? Avez-vous créé des SSIAD par exemple ?

Jacques PLEURMEAU

HOM’AGE ne s’adresse pas encore aux personnes âgées restant à leur domicile. Nous avons à l’étude le dépôt d’un agrément qualité dans le cadre d’un service à domicile pour des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés.

Capgeris

Vous évoluez principalement sur le secteur médico-social.
- Avez-vous également développé une activité dans le secteur sanitaire (USLD, SSR...) ?
- Proposez-vous également des services à domicile non médicalisés du type Services à la Personne ?
- Avez-vous des projets en ce sens ?

Jacques PLEURMEAU

Notre cabinet H’CARE DEVELOPPEMENT conduit différentes actions de formation et de conseil dans le secteur sanitaire, notamment USLD, SSR au sein d’hôpitaux bas normands. HOM’AGE ne propose pas de services dans le secteur sanitaire mais offre ses services à d’autres établissements n’ayant aucun lien capitalistique mais qui souhaitent avoir une assistance conseil dans les domaines juridiques, réglementation, droit social et médico-social etc…

Capgeris

Quels sont les bénéfices de la certification ISO 9001 pour les résidents et les personnels de vos établissements ?

Jacques PLEURMEAU

La norme ISO 9001 est internationale partagée dans 148 pays au monde sur l’ensemble des secteurs d’activité. Elle a l’avantage de recourir à des auditeurs experts et spécialisés au secteur des personnes âgées. Cette norme ISO 9001 évalue la satisfaction du patient ce qui est pour nous l’essence même de notre mission.

Capgeris

Vous avez également créé le cabinet H-CARE DEVELOPPEMENT. - Quels types de formations le cabinet propose-t-il ?

Jacques PLEURMEAU

H’CARE DEVELOPPEMENT c’est de l’ingénierie de formation c’est-à-dire l’identification des besoins du client et une réponse de formation adaptée, nécessitant nécessairement une évaluation à chaud et à 6 mois. C’est aussi un catalogue de formation qui présente plus de 150 thèmes différents que l’on peut trouver sur le site de la société.
H’CARE DEVELOPPEMENT est aussi organisme de conseil dans les certifications ISO, audit qualité. Récemment, nous avons obtenu l’agrément de l’ANESM pour procéder à l’évaluation des établissements sociaux et médico-sociaux en France. Enfin, nous mettons à disposition de nos clients un service recrutement, évaluation des compétences.

Capgeris

Quelles sont les perspectives de croissance de votre groupe ?
- Envisagez-vous un développement uniquement régional ou bien national, voire plus Quelles régions visez-vous, dans ce cas, plus particulièrement ?
- Projetez-vous d’élargir votre cible dans le cadre de la création de nouveaux établissements (établissements d'accueil pour personnes handicapées vieillissantes par exemple) ?
- Pensez-vous proposer d’autres modalités d’accueil telles que l’Accueil de Jour, l’Accueil de Nuit ou encore l’Hébergement Temporaire... ?

Jacques PLEURMEAU

Aujourd’hui HOM’AGE c’est 250 lits répartis dans le Calvados. Au terme de 4 nouvelles constructions en 2013, le groupe aura doublé sa capacité d’accueil soit 500 lits, son chiffre d’affaires 20 Millions d’Euros et son effectif 350 salariés. Des projets sont à l’étude au-delà de la région Basse-Normandie, notamment dans le Nord et la Région Parisienne. Nos intentions à 5 ans, c’est d’atteindre 800 lits en gestion qu’ils soient issus du groupe HOM’AGE ou n’ayant pas de liens capitalistiques avec la société.

Capgeris

Quelle est votre vision prospective de l'accueil des personnes âgées dans les 20 ans à venir ?

Jacques PLEURMEAU

La recherche et le développement sont pour nous un vecteur important que le groupe HOM’AGE souhaite développer qui permette une meilleure connaissance et compréhension des maladies neurodégénératives. N’oublions pas les géron-technologies qui peuvent elles aussi contribuer au maintien à domicile. Toutefois, le domicile ne peut-être la seule et ultime solution à la perte d’autonomie. Nos établissements peuvent apporter des réponses dés lors qu’un contrat social équitable entre l’Etat, les usagers et les promoteurs puisse s’opérer. C’est le grand débat du 5ème risque qui se profile au niveau de nos législateurs, nous en attendons beaucoup. Quoiqu’il en soit, et dans la mesure où de plus en plus de personnes de plus de 75 ans auront besoin d’être aidées du fait des difficultés à accomplir les gestes de la vie quotidienne en raison de multiples pathologies, nous pouvons imaginer que les métiers de la gérontologie continueront à se complexifier, que les professionnels acquerront les compétences requises en ce qui concerne les pathologies neurodégénératives mais aussi des maladies telles que les diabètes évolués, les maladies vasculaires…

De nouveaux métiers émergeront. La spécificité gériatrique va être de mieux en mieux cernée: fragilité physique et psychique des personnes nécessitant une approche basée sur une philosophie du soin qui est bien au-delà d’aspects exclusivement techniques. L’éthique de la vulnérabilité est déjà un concept qui parle de plus en plus aux professionnels d’aujourd’hui, rompant avec la survalorisation du maintien de l’autonomie qui se décline aussi dans les termes de rééducation, revalidation, réhabilitation…L’éthique de la vulnérabilité concerne davantage l’accompagnement, l’acceptation, l’abandon-confiance, la réflexion sur le bien-être, l’importance de l’ici et maintenant…

Nous pensons que les aspects qualitatifs seront davantage pris en compte et infiltreront de nouvelles approches innovantes.

Capgeris

Comment vous positionnez-vous face au difficile dilemme : accueil en institution ou maintien à domicile ?

Jacques PLEURMEAU

Cela n'est pas un dilemme, ce sont simplement différentes solutions complémentaires. Les choix se font en fonction de multiples facteurs : type de pathologies, retentissement sur le comportement, mode de fonctionnements familiaux, ressources environnementales et financières…
La littérature gérontologique est riche d’études sur ce sujet. Nous travaillons sur le montage d’une filière gérontologique qui puisse accompagner la perte progressive de l’autonomie. En effet, se faisant progressivement, la perte d’autonomie requiert des services adaptés et à la carte tels que le soutien à domicile, l’accueil temporaire, l’accueil de jour, l’hébergement complet. Cette stratégie de la filière est de plus en plus reconnue en France et nous souhaitons la soutenir au sein de notre groupe.

Capgeris

Avez une devise dans votre vie professionnelle ?

Jacques PLEURMEAU

L’avenir avec soin

Capgeris

Un dernier mot à nos lecteurs ?

Jacques PLEURMEAU

Nous encourageons vos lecteurs à nous rejoindre sur nos différents sites et nous sommes à leur disposition pour répondre à leur questionnement ou à leur préoccupation.


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