Salariés aidant un proche âgé : un étude sur le sujet publiée par RESPONSAGE fait le point sur les difficultés de concilier aide et activité professionnelle

Les salariés qui aident un parent âgé sont seuls face à leur problème dans 90% des cas...

Publié le 10 octobre 2014

Depuis un an opérationnelle sur une dizaine d'entreprises de toutes tailles, représentant 10 000 salariés ayants droit, la plateforme multimédia Responsage d'aide aux salariés aidants, lancée par Danone et Bayard en 2013, est un observatoire intéressant de la problématique vécue en entreprise. Une étude a été réalisée à partir de 200 entretiens avec des salariés d'entreprises adhérentes à Responsage entre le 1er septembre 2013 et le 31 août 2014.(1)

  • Résumé de l'étude

Les salariés qui aident un parent âgé sont seuls face à leur problème dans 90% des cas. Ils sont donc disposés à utiliser l'aide spécifique proposée par leur entreprise.

L'entreprise est ressentie comme légitime sur cette préoccupation d'ordre privé qui a une incidence directe sur la qualité de vie au travail : 10% des salariés concernés ont utilisé le service d'aide Responsage dans l'année de lancement du service.

Les salariés accompagnant un parent âgé sont majoritairement des femmes de plus de 45 ans et des seniors. Ils utilisent l'aide mise à leur disposition une fois (80%) ou plusieurs fois (20%). Les salariés aidants habitent en moyenne à plus de 200 km de leur parent.

Près de la moitié d'entre eux cherchent à mettre en place ou à augmenter les services à domicile chez leur parent. Ils ne sont que 10% à rechercher une place en maison de retraite. Une fois sur trois, le salarié fait face à une situation stressante : maladie d'Alzheimer ou dépression du parent, sortie d'hospitalisation, désaccord dans la fratrie sur l'aide à mettre en place...

  • Les salariés sont seuls face à leur problème

90% des appelants n'ont pas abordé le sujet de l'accompagnement de leur parent âgé avec l'assistance sociale ou le médecin du travail de leur entreprise. 84% des appelants n'ont pas contacté les structures d'information de proximité : CLIC (centre local d'information et de coordination gérontologique), CCAS (Centre communal d'action sociale), réseaux gérontologiques...

Peur de la stigmatisation, déni, pudeur ou fierté, les salariés ne parlent pas de leur situation aux interlocuteurs médico-sociaux dans l'entreprise. Les RH, managers, les assistantes sociales, les médecins du travail doivent donc être formés à détecter ces situations.

Les salariés ne se renseignent pas davantage auprès des quelque 1 000 structures publiques ou associatives spécialisées sur le grand âge ou auprès de leur mairie.

Cette solitude a des corolaires : perte de temps, fatigue et prise en charge non optimale du proche âgé.

  • Les salariés considèrent l'entreprise légitime sur cette préoccupation d'ordre privé

En un an, plus de 10% des salariés(2) accompagnant un proche dépendant ont utilisé l'aide proposée.

L'adhésion des salariés à la proposition est élevée alors que l'implication de l'entreprise sur ce sujet est récente et encore méconnue.

L'aide aux salariés aidants de proches âgés pourrait suivre rapidement la même évolution que l'aide à la parentalité (berceaux, aménagement des horaires des réunions, congés parental/paternité...). Les entreprises peuvent faire évoluer la réflexion. Ainsi, dans ses observations sur le document de concertation «pour l'adaptation de la société au vieillissement», rendues en janvier 2014, le MEDEF recense les bonnes pratiques d'entreprise pour les salariés aidant un membre de leur famille.

  • La dépendance fragilise des salariés déjà fragilisés

Les femmes sont en première ligne :

-Part des femmes parmi les salariés ayant droit : 52%

- Part des appels émanant de femmes: 73%

Les seniors (+ de 45 ans) également :

- Part des + 45 ans parmi les salariés ayant droit : 37%

- Parts des appels émanant des + 45 ans : 90%

Les femmes de plus de 45 ans, est la catégorie socio-professionnelle qui utilise le plus l'aide proposée par l'employeur. L'accompagnement des salariés aidant un proche âgé interroge la GPEC (Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences). En effet, l'entreprise risque de se priver de ressources humaines et/ou de réduire la diversité de ses ressources. Compte tenu des perspectives démographiques, les mesures d'accompagnement des salariés (congés supplémentaires, bourse RTT, formation, aménagements d'horaires, temps partiel temporaire...) s'insèrent naturellement dans les accords sur le maintien des seniors dans l'emploi et dans les accords Egalité Hommes/Femmes.

  • Les salariés ont besoin de soutien dans la durée

20% des appelants ont appelé plusieurs fois Responsage.

L'accompagnement d'un proche peut durer des années. Les préoccupations évoluent : recherche d'information généraliste (différence entre logements-foyers et maisons de retraite médicalisées), recherche d'information sur le financement d'une maison de retraite, recherche d'une place pour un parent atteint de la maladie d'Alzheimer...

  • Les salariés ont besoin d'information sur tous les dispositifs, pas seulement sur le placement en maison de retraite

Dans 2/3 des cas, le salarié ne demande pas d'information sur les structures d'hébergement, seuls 10% des demandes concernent la recherche immédiate d'une place en maison de retraite. Les sujets de préoccupation des salariés concernent :

- 49% : mise en place de services à domicile

- 19% : question juridique uniquement

- 13% : financement uniquement

- 9% : évaluation uniquement

- 10% : recherche d'un gériatre ou d'un neurologue, information sur la téléassistance, demande de soutien psychologique...

La prise en charge d'un parent âgé est complexe. Pour toucher le maximum de salariés, l'accompagnement proposé par les employeurs doit couvrir tous les champs concernés. Les entreprises peuvent ainsi organiser des séances d'information animées par des professionnels sur la vie à domicile, offrir des CESU préfinancés (Chèque Emploi Services universel)...

  • Les salariés vivent des situations stressantes

1 appelant sur 3 fait face à une situation très délicate : deux parents dépendants, parent Alzheimer ou en dépression, sortie d'hospitalisation, désaccord dans la fratrie... Verbatim : "La directrice du logement-foyer ne veut plus garder ma mère. Elle m'appelle tous les jours pour savoir si j'ai trouvé une place en maison de retraite. Je passe des coups de fil à longueur de journée." "Ma mère a Alzheimer. Mon père est décédé la semaine dernière. Je comprends aujourd'hui de quoi il est décédé..." " L'hôpital me demande de m'occuper de ma tante. Je viens de divorcer, ma fille est malade, je n'en peux plus..."

Le risque d'épuisement et de désinvestissement du temps de travail existe. Gérée sur le lieu de travail, la problématique rejaillit sur les collaborateurs proches (bureaux paysagers ou semi-paysagers).

  • Les salariés habitent loin de leurs parents

La distance moyenne entre le salarié et son parent est de 226 km (hors cas DOM-TOM).

Le moindre problème du parent âgé entraine un déplacement du salarié (absentéisme) ou une recherche sur Internet ou au téléphone (présentéisme).

  • La dépendance impacte le niveau de vie des salariés

24% des appelants cherchant des services à domicile ou une maison de retraite vont financer en partie ces frais.

Le nombre des salariés appelés à cofinancer la prise en charge de leur parent âgé va augmenter du fait du papy-boom et de la baisse prévisible des retraites.

(1) L'adhésion de l'entreprise a pu se faire en cours d'année. En conséquence les statistiques de l'étude s'appuient sur des valeurs annualisées.

(2) Selon le 5e baromètre santé et bien-être au travail publié par Malakoff Médéric paru en 2014, 15% des salariés accompagnent un proche dépendant.


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