Solutions pour un secteur des services à domicile en crise

Que faire face à l'effondrement de nombre d'acteurs du secteur? laisser-faire en s'appuyant sur le développement de l'emploi direct ou profiter de la crise pour moderniser le secteur? Diagnostic et solutions

Publié le 28 janvier 2011

En cette fin d'année 2009, le secteur des services à à la personne (SAP) est en grande difficulté.

Le paradoxe est qu'il a été jusqu'à présent épargné par la crise :

  • la demande est toujours orientée à la hausse du fait du vieillissement de la population et des demandes sociales de type équilibre vie privée/vie professionnelle.
  • Les créations d'entreprises sont nombreuses (19 000 organismes agréés à fin 2009 contre 6 500 fin 2005), ainsi que celle d'emplois nouveaux (1/4 des créations d'emploi dans les 5 dernières années).

Mais, du fait de l'assèchement du crédit, et de l'allongement des délais de paiement par les organismes publics (Etat, collectivités, assurance maladie, assurance vieillesse...), il est atteint dans ses fondements économiques.

Quelques faits récents assez préoccupants :

  • mis en redressement judiciaire de la principale fédération du secteur
  • impasse budgétaire pour nombre de fédérations et associations du secteur (au moins 30%)
  • liquidation de grosses associations un peu partout en France (dans le Nord 59, dans le Finistère 29, en Ile de France 77...)
  • résultats négatifs pour 28 des 30 principaux leaders de la Fédération des Entreprises de Services à la Personne.

Il n'est donc plus temps de faire des plans de développement à 5 ou 10 ans des services à la personne, des observatoires ou des études sur les modèles économiques.

L'idée d'Etats Généraux du Domicile ne nous semble pas non plus adaptée à la situation d'urgence.

Près de 5 ans après le lancement du Plan Borloo pour le développement des services à la personne, il nous semble urgent de recourir sans tarder aux méthodes qui ont fait leur preuve dans d'autres secteurs à forte concentration de main d'œuvre. Dans le cas du secteur des SAP, des emplois non délocalisables, participant des objectifs de développement durable (vieillissement de la population...).

Sur le modèle de ce qui a été fait pour le secteur de la restauration, et en s'appuyant sur les Directions Départementales (DDI) et le réseau des délégués territoriaux SAP, un véritable contrat d'avenir en faveur de la modernisation pourrait être proposé par le Gouvernement aux organismes de services à leur personne, et à leurs fédérations professionnelles. Des outils de type fonds sectoriel pourrait être rapidement actionné pour renforcer les fonds propres des acteurs.

Gilles DUTHIL

Enseignant, consultant

Président de l'Institut SilverLife